Battling Siki, de son vrai nom Louis Mbarick Fall, est un pionnier de la boxe et une figure historique du sport africain. Né à Saint-Louis du Sénégal en 1897, alors sous domination coloniale française, il reste dans les mémoires comme le premier Africain à remporter un titre mondial en boxe anglaise.
Des débuts modestes à l’armée française
Arrivé très jeune en France, Siki entame sa carrière de boxeur professionnel à l’âge de 15 ans. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il s’engage dans l’armée française. Il y sert avec bravoure, décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire pour sa conduite sur le front.
La victoire choc contre Georges Carpentier
C’est le 24 septembre 1922 que Battling Siki entre dans la légende. Il affronte Georges Carpentier, champion en titre des poids mi-lourds, dans un combat très attendu au stade Buffalo à Paris. À la surprise générale, Siki l’emporte par KO au sixième round. Sa victoire fait grand bruit, non seulement pour l’exploit sportif, mais aussi pour les rumeurs d’un combat arrangé qu’il aurait refusé de truquer.
Il devient ainsi le tout premier Africain à être sacré champion du monde de boxe, une prouesse exceptionnelle dans un contexte fortement marqué par le racisme et les inégalités coloniales.
Une gloire de courte durée
Malgré son titre, Battling Siki est rapidement mis à l’écart. Il est suspendu par la Fédération française de boxe, et son comportement, jugé provocateur, ne lui attire pas la sympathie des milieux sportifs dominants. En 1923, il perd son titre face à Mike McTigue en Irlande, lors d’un combat controversé organisé en pleine guerre civile.
Siki s’exile ensuite aux États-Unis où il continue de boxer, mais sa vie personnelle devient de plus en plus instable. Le 15 décembre 1925, il est assassiné à New York dans des circonstances troubles, abattu de deux balles dans le dos. Il avait 28 ans.
Une reconnaissance tardive
L’héritage de Battling Siki est longtemps resté dans l’ombre. Ce n’est qu’en 1993 que ses restes sont rapatriés au Sénégal, pays qui commence alors à lui rendre hommage comme une figure majeure du sport africain et un symbole de résistance.
Aujourd’hui, il est reconnu comme un pionnier et un modèle pour les générations de boxeurs africains qui ont suivi son chemin