Le football a longtemps dominé l’Afrique de l’Ouest, avec une forte tradition de formation de talents qui nourrissent les clubs mondiaux. Toutefois, un pays espère transformer le cyclisme sur route en deuxième sport majeur de la région : le Bénin.
Bien que des programmes de cyclisme existent au Nigéria, au Ghana et en Côte d’Ivoire, c’est au Bénin qu’une véritable révolution sur deux roues est en marche. Avec une population d’environ 15 millions d’habitants, principalement jeune, avec un âge médian de 18 ans, le pays dispose d’une base solide pour développer ce sport.
Romauld Hazoume, le président de la Fédération béninoise de cyclisme, croit fermement au potentiel du cyclisme africain. “Je suis convaincu qu’il existe un talent de classe mondiale en Afrique. Il suffit de lui donner le temps de s’exprimer”, confie-t-il à BBC Sport Africa. Des cyclistes comme Biniam Girmay, Louis Meintjes, Kim Le Court et Ashleigh Moolman-Pasio ont déjà prouvé la viabilité de ce talent sur la scène mondiale, mais une compétition forte au niveau local et régional est nécessaire pour continuer à progresser, de même qu’une meilleure couverture médiatique.
Alors que l’Érythrée domine actuellement le cyclisme africain, le Bénin ambitionne de sortir du peloton pour devenir le leader du cyclisme en Afrique.
Le Tour du Bénin, une étape clé
Le Tour du Bénin, qui a célébré sa 20e édition cette année, est devenu un événement incontournable sur le circuit UCI Africa Tour. Mais ce n’est pas tout : les Grands Prix qui suivent, l’un pour les hommes et l’autre pour les femmes, sont aussi des événements majeurs pour la région.
Hazoume, un passionné de cyclisme, a insufflé une nouvelle énergie et un professionnalisme dans le cyclisme béninois. Il a également instauré des primes égales et des équipements identiques pour les équipes masculines et féminines. “Nos équipes féminines et masculines progressent, et nous espérons les voir briller sur la scène internationale tout en incarnant les valeurs du cyclisme”, explique-t-il.
Des infrastructures de qualité et un programme de coaching
Le Bénin a investi massivement dans des infrastructures de qualité et mis en place un programme de coaching de haut niveau. L’une des pierres angulaires de ce projet a été la nomination d’Adrien Niyonshuti, double Olympien, en tant qu’entraîneur principal. Ce Rwandais de 38 ans est impressionné par le soutien qu’il a reçu de la fédération depuis qu’il a pris ses fonctions il y a trois ans. “Quand je suis arrivé ici, il y avait de bons entraîneurs, mais beaucoup de choses n’étaient pas à jour. Ils ne participaient pas à beaucoup de courses et ne venaient pas au Tour du Bénin dans les meilleures conditions”, se souvient-il.
Aujourd’hui, les cyclistes béninois sont beaucoup mieux préparés, plus professionnels et plus ambitieux. Ils comprennent mieux comment grimper, sprinter et gagner des courses.
Un avenir brillant pour les femmes cyclistes
Le Bénin a fait ses débuts aux Championnats du Monde sur Route l’an dernier, avec Georgette Vignonfodo, qui a participé à la course junior féminine de 73,5 km à Zurich. Cette jeune cycliste de 18 ans a impressionné la fédération mondiale de cyclisme (UCI), qui l’a invitée à un camp de développement en Europe. “Au début de ma carrière, mon objectif était simplement de gagner toutes les courses nationales de ma catégorie”, confie Vignonfodo. “Participer aux Championnats du Monde et à plusieurs tours féminins à l’étranger m’a ouvert les yeux sur le côté professionnel du cyclisme.”
Elle souhaite également mettre en lumière la force et la détermination des femmes béninoises : “Être une cycliste au Bénin, c’est montrer combien nous sommes combatives, capables et fortes dans ce que nous faisons. C’est relever le défi chaque jour, dans un environnement encore largement dominé par les hommes.”
Une dynamique croissante à l’échelle continentale
Le développement du cyclisme au Bénin s’inscrit dans une dynamique plus large qui touche tout le continent. Près de 150 cyclistes africains, hommes et femmes, courent désormais à un niveau professionnel, plus que dans les États-Unis et le Canada réunis, avec cinq équipes professionnelles inscrites en Afrique.
Le calendrier de l’Africa Tour 2025 comprend 14 courses, dont des courses par étapes comme le Tour du Rwanda et le Tour du Cameroun, ainsi que des événements d’un jour tels que le Grand Prix de Cotonou et le Grand Prix Chantal Biya.
Yao Allan Kouame, élu président de la Confédération Africaine de Cyclisme en février, espère multiplier les courses de qualité. “Je veux que ces courses soient enregistrées par l’UCI pour garantir un niveau élevé et des pelotons de qualité”, explique-t-il. Il ajoute que ce niveau de compétition permettra aux athlètes africains de mieux comprendre l’exigence des courses internationales et d’obtenir des points UCI pour eux-mêmes et leurs pays.
Un tournant pour le cyclisme africain
Avec les Championnats du Monde sur Route qui se dérouleront au Rwanda en septembre, l’année 2025 pourrait marquer un tournant pour le cyclisme sur route en Afrique, notamment au Bénin. Les cyclistes béninois auront l’occasion de démontrer les progrès réalisés dans leur pays et de se faire une place sur la scène internationale.