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Le secteur sportif sénégalais se retrouve à son tour happé par la tempête judiciaire autour de la gestion du Fonds Force Covid-19. Initié en 2020 pour atténuer les conséquences de la pandémie, ce fonds alimente aujourd’hui une affaire nationale de grande envergure. Deux figures emblématiques, Gris Bordeaux, célèbre lutteur, et Saer Seck, ancien président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP), ont été convoquées dans le cadre des enquêtes menées par la Division des investigations criminelles (DIC).
Gris Bordeaux clame son innocence et dénonce une fraude
Connu dans les arènes sous le nom de Gris Bordeaux, Ibrahima Dione, aujourd’hui président de l’Association des lutteurs en activité, a été interrogé à propos d’un versement de 15 millions de francs CFA supposément perçu dans le cadre des aides étatiques au sport pendant la pandémie. Une version officielle qu’il conteste fermement.
Face aux enquêteurs, le lutteur affirme n’avoir reçu que 10 millions de francs CFA, remis contre signature. Il accuse Mamadou Ngom Niang, alors Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement (DAGE) du ministère des Sports, d’avoir falsifié une seconde décharge à son nom. Selon lui, le numéro d’identification figurant sur ce document est erroné, et la signature ne serait pas la sienne.
Saer Seck conteste la validité des documents
Autre personnalité interpellée, Saer Seck, ancien patron de la LSFP et fondateur de l’Académie Diambars. Il est cité dans une affaire portant sur 100 millions de francs CFA, versés par le ministère des Sports. Contrairement à Gris Bordeaux, il confirme avoir reçu les fonds, mais précise que l’argent a été directement déposé sur le compte bancaire de la ligue.
Il insiste sur un point : aucune décharge n’a été signée. Un document présenté par l’ancien DAGE pour justifier la transaction est donc, selon lui, frauduleux. Il a fourni un relevé bancaire aux enquêteurs pour appuyer ses propos.
Une affaire qui prend de l’ampleur
Ces nouveaux développements s’ajoutent à une liste déjà longue de dysfonctionnements révélés par le rapport de la Cour des comptes. La gestion d’un montant total de 1 000 milliards de francs CFA mobilisé pendant la crise du Covid-19 est désormais passée au crible. Des cas de surfacturation, de détournements de fonds et d’absence de justificatifs ont été signalés dans plusieurs ministères.
Des centaines de millions de francs CFA ont déjà été récupérés, et les poursuites judiciaires se multiplient. Le parquet a promis de mener les investigations jusqu’au bout, sans faire de distinction entre les secteurs concernés.
Le sport sénégalais sous pression
Jusqu’ici relativement épargné, le monde sportif se retrouve brusquement projeté au cœur du scandale. L’implication de personnalités connues, bien que présumées innocentes, fragilise l’image d’un secteur en pleine structuration.
Ce contexte tendu rappelle l’importance cruciale de la transparence et de la rigueur dans la gestion des ressources publiques. Dans un pays où le sport incarne fierté et espoir, cette affaire souligne aussi la nécessité d’un encadrement plus strict, afin d’éviter que des fonds destinés au développement soient détournés ou mal utilisés.
